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Makoto Yabuki

AS ONE from Makoto Yabuki
31 décembre 2022

Les Focales Edition 2021

ici l’article sur le travail de Rejine Halimi

 

«Aucune société ne peut vivre sans l'intuitivité d'une créatrice. 
Une artiste est une polyvalente de la vie. Une adaptatrice. Une respiratrice 
d'émotions, de tendances, de mouvement. Son rôle consiste à observer, 
à transformer, à adoucir et à écrire ce qu'elle perçoit. Sans filtre»

     «Quand les organisateurs des Focales du Pays d’Auge m’ont demandé de partager mon univers artistique en grand format sur la jetée de l’Ouest de Honfleur, j’ai ressenti de la fierté à l’idée qu’ils aient eu confiance en ma capacité à trouver les chemins du cœur à cœur. J’ai construit ce projet à la façon d’une architecte, pierre après pierre, chacune enveloppée de tout ce que je suis et, à chaque pas, mes émotions.

 Un portrait instantané photographique , c’est le début d’une histoire à partager. Un lien qui se noue tout en pudeur afin de saisir l’instant sans figer les mouvements de l’âme. Le travail technique ne doit jamais empêcher l’émotion d’advenir. Lorsque mes yeux capturent cette émotion, ils fixent cette lumière fugitive, ce reflet, cet éclat, cette transparence, ce cadeau : le regard du cœur.

Je suis en mouvement permanent à la recherche de la vibration furtive mais toujours exceptionnelle.

Ce que je suis, ce que je crée, c’est l’ histoire du cœur à cœur qui se transforme en peinture, en photo.

Dans l’acte de créer, je ne suis ni idée, ni pensée. Je suis une émotion qui grandit, tout doit être réuni, cœur/corps/âme/esprit.

Comme le dit Vieira Da Silva, « Mon érudition, ma connaissance, je la fais en attachant un bout de ficelle à un autre bout de ficelle, puis encore à un autre bout, toutes sortes de bouts de ficelles, puis le nœud s’accroche en moi .»

«Chaque travail est une nouvelle histoire. Quand je crée, je marche plus loin dans ma propre rue à la rencontre de «l’autre».

Rejine Halimi, Honfleur, avril 2021

HONFLEUR, UN VILLAGE, DES VISAGES

Comment rendre sensible au promeneur distrait de la jetée de l’Ouest l’existence dans toutes ses dimensions quelques 8 000 habitants d’une ville arpentée chaque année par des millions de touristes ? Comment résoudre ce mystère de la résistance des habitants à leur propre dissolution dans la marée des visiteurs ? Quelle résilience inespérée les rend capables de poursuivre leur trajectoire personnelle et collective, se connaissant et se reconnaissant entre eux par une façon d’être ensemble ?

Ces questions sous-tendent le travail d’un binôme, chacune se la posant avec son propre médium. La photo pour Rejine. Le texte pour moi. Il nous fallait rencontrer des hommes et des femmes qui incarneraient au moins en partie cette communauté souterraine. Interroger ceux et celles qui animent la ville par leur capacité à innover, par leur savoir-faire ou par leur savoir-être. Il nous fallait mettre en valeur ceux qui restent habituellement dans l’ombre.

Les portraits de Rejine sont intenses. Ils ouvrent la porte à l’imagination. Un dialogue se noue entre ceux qui ont accepté d’être exposés aux regards des autres et ceux qui les regardent en cherchant à comprendre ce qui se joue là. Ils sont là : gens de mer et gens de culture, commerçants et services publics, ceux du triangle d’or et ceux de l’arrière. Leur présence sur la jetée est une preuve d’amour pour Honfleur. Un amour qui se décline de bien des façons. Il y a l’amour/avidité qui fait flèche de tout bois ; l’amour inquiet de la fragilité de la ville ; l’amour ambitieux mais souvent déçu qui appelle l’excellence en tout domaine, de la culture au développement du port ; l’amour vache de la colère d’un partage détesté ; l’amour nostalgique qui voudrait entendre autre chose dans les ruelles que le bruit des valises à roulettes des «gîteurs». Et l’amour caché des créateurs retirés dans des demeures secrètes.

Quand les visiteurs sont partis, ou pas encore levés, les habitants se réapproprient leur ville. Ils en parcourent les rues, les rivages et les bois. Le weekend, ils se retirent dans leurs maisons pour profiter de leur jardin en famille et les touristes les plus chanceux sont invités à partager leur art de vivre.

Françoise Edmonde Morin – avril 2021

Pet Shop Boys

L’événement parisien de ce mois de juin
PET SHOP BOYS

Rarement l’image grand public d’un groupe n’aura été aussi trompeuse. Alors qu’ils ne sont pas loin de New Order dans le panthéon des formations de pop électroniques apparues à l’orée des années 1980, les Pet Shop Boys restent pour beaucoup un duo lisse qui a enchaîné les tubes sans consistance, et sans conséquences. Il faut dire que Neil Tennant et Chris Lowe auront bien contribué à brouiller les pistes avec leur perpétuel grand écart. Voilà un groupe capable de produire une musique à la fois festive et mélancolique, dansante et intimiste, superficielle et bouleversante. Le même qui est l’auteur du fragile « Being Boring » (1990) et du lourdaud « New York City Boy » (1999). Cette dualité, inhérente aux Pet Shop Boys, se niche d’ailleurs souvent à l’intérieur de leurs chansons. Derrière une mélodie à l’apparence naïve se cachent des paroles subtiles et décapantes, bien en prise avec la réalité. « Nous sommes les Smiths de la musique de danse » déclarait même Neil Tennant en 1987. La comparaison avec les Mancuniens, qui appelaient à « pendre le DJ », pourrait prêter à sourire. A y regarder de plus près, elle n’a toutefois rien de sacrilège. Smiths et Pet Shop Boys ont en commun des textes à l’ironie mordante, un regard acéré sur les années Thatcher, une mélancolie insidieuse et un penchant pour le mélodrame intime. Comme Morrissey avec Sandie Shaw, Neil Tennant s’est même permis le luxe de relancer la carrière de son idole de jeunesse en la personne de la divine Dusty Springfield.

concert exceptionnel et très « enlevé » à Paris dans la salle mythique du Grand Rex.

Pina Bausch