Les tableaux de Réjine Halimi s’inscrivent de plus en plus sur un fond de matière impressionnant par son aspect de solidité éternelle, comme ces pierres sans âge, marquées, déchirées, faisant apparaître de subtiles tâches de couleurs dans leurs plaies, écoulement de sang, de sueurs, de travaux dont on ressent la nécessité. Ce n’est plus la recherche du regard mais celle du spectateur, du voyeur.

La couleur devient le support de nos errances parmi ces ravins, ces failles qui nous mènent au plus profond de notre présent par delà même notre antiquité. Le parcours de Réjine Halimi, aussi imperceptible soit-il parfois, devient évident au vu de son travail sur le temps. – temps qui passe, temps qui est, éternité de l’œuvre – Au-delà de toute appellation stylistique, nous sommes amenés à pénétrer dans la matière et ces béances nous appellent. Cette monochromie imparfaite lui donne des aspects de destruction-reconstruction ; malgré la rugosité nous percevons un lyrisme, un romantisme brisés sur la toile.

Réjine Halimi nous laisse parfois muets dans la contemplation de son ouvrage, sa recherche désintégrée de nos passés prédit nos avenirs. Nos cicatrices se confondent ainsi à la surface de ce qui semble inéluctable.

Marc Lethel