« Tant de choses, entr’aperçues, ne pourront jamais être vues. » Victor Segalen (Peintures, 1916)

Réjine Halimi est un(e) peintre dont l’œuvre semble être une faille, telle cette terre qui bouge, s’ouvre brutalement et nous montre, immobile, une surface de matières, riche de mouvements figés, d’épaisseur et de subtiles couleurs. Réjine Halimi nous présente une écriture sortie du fond des temps, faite de mémoire enfouie qui resurgit et nous laisse empreints de joie, de mélancolie agréablement forte et perplexe; une œuvre de mémoire non tournée vers un stérile passé mais vers une richesse intemporelle, cette richesse que nous ne percevons que trop rarement, celle de l’esprit, du regard, cette richesse de la matière saisie dans son mouvement, dans ses teintes subtiles qui apparaissent enfouies et si visibles, comme ces murs dits aveugles nous contemplant depuis tant de temps (.. ?). Regardez, vous verrez leur fêlure; leurs couleurs nous parlent, comme une peinture, de ce qui fût et sera. Réjine Halimi nous montre cela sans ostentation, nous lit juste des « milléranitées » de contemplation des formes écrites, volcans éteints mais lourds d’un passé de fusion, prêts à revenir changer la surface de cette terre de laquelle nous tirons nos sentiments, nos sensations. De cette composition si parfaite dans sa brutalité, nous donnant peine et souffrance mais aussi douceur et tendresse, laissons nous emporter par cet infini dont nous essayons de percevoir un commencement.

Marc Lethel