Bram Van Velde : « Peindre me fait peur »

C’est un « peintre de l’empêchement » selon l’expression de Samuel Beckett. Bram Van Velde peint ce qui l’empêche de peindre, et s’émerveille de ce qui jaillit de la toile. Dans un document rare de 1980, l’artiste s’entretient avec Charles Juliet sur son rapport vital à la peinture.

Quelques mois avant sa mort, Bram Van Velde avait accordé un entretien à Charles Juliet, écrivain, poète, qui avait accompagné de ses textes l’édition des lithographies du peintre. Bram Van Velde, l’ami de Samuel Beckett. Bram Van Velde, un homme que n’avait jamais quitté l’envie d’être peintre – tant mieux -, et qui peignait ses tableaux pour lui-même les découvrir. Rêveur et profondément dévoué à la peinture, il se définissait comme un « être liquide ». D’une voix délicate, un peu tremblante et avec un léger accent néerlandais, il se confie dans ce document rare sur son rapport vital, substantiel, à la peinture. Bram Van Velde est né en 1895 dans une commune néerlandaise, Zoeterwoude, et mort en 1981, à Grimaud, dans le Var. Il fut longtemps peintre en bâtiment et décorateur. Il se rappelle :

Je me souviens très bien de ma vie, quand j’étais apprenti peintre en bâtiment et de décoration. Vite, on a vu que j’avais du talent. Je faisais des abat-jours, oui des lampes, c’est ça.

C’est un homme d’une extrême sensibilité qui, après de multiples vicissitudes, tant personnelles que professionnelles, connaîtra tardivement le succès.

Mon enfance a été très misérable. Mon père est parti et ma mère était avec quatre enfants, qu’elle devait faire vivre par elle-même. C’était une enfance très dure. Mais moi, toujours, j’ai voulu être peintre. On m’a donné des crayons de couleurs à 7 ans, et je faisais un dessin avec un moulin, et on trouvait ça si beau… je n’ai jamais quitté l’idée d’être peintre.

Il n’a jamais perdu la fascination enfantine du dessin et de la couleur. Quand il parle de la peinture, sa voix se relève, et l’on imagine son regard pétillant. Des formules simples et profondes à la fois jaillissent alors.

Un tableau, un vrai tableau… c’est une merveille ! On peut en vivre. Il ne s’agit pas de les multiplier. J’ai fait ce que je pouvais. J’ai toujours eu peur de… je ne sais pas, ça me fait peur. Peindre me fait peur. Faire face, porter tout ça, je le vis comme une chose qui n’est pas sans danger, mais je dois rester le maître. 

Un tableau qui sort tout le vécu, qui me libère de tout ça, est un moment glorieux. Je vis par ce genre de moments.

L’œuvre qui vient, l’image qui surgit, émerveille toujours de façon renouvelée son propre créateur, et le laisse presque abasourdi. Car l’émerveillement de la création est toujours bizarrement teinté de désespoir pour le discret Bram Van Velde.

Chaque fois, un tableau vient, et je ne le savais pas. L’acte est une sorte de désespoir qui vous plonge en profondeur, mais de laquelle on ne sait rien. Une sorte de cauchemar.

Entre-là – Il n’y a plus tant à penser l’être, qu’à vivre et penser l’entre – Tanaka Min à la Borde

« Le travail de la terre est, en un sens créatif, lié de très près à la danse.
Le fait que notre corps soit exposé à l’espace du dehors, au vent, à la lumière, à la chaleur est en soit un facteur créatif ».


Tanaka Min à la Borde


Tanaka Min est un des grands noms du Buto, la danse des ténèbres. Invité à danser à la clinique psychiatrique de La Borde par Félix Guattari, Tanaka y réalise une performance d’une rare intensité. Le spectacle se déroule à l’extèrieur devant l’entrée du chateau un jour de printemps. Tanaka Min danse sur une musique de Joseph Cantteloube (Bailèiro). La seconde partie se décompose en 2 parties, une discussion animée par Félix Guattari où les pensionnaires livrent leurs impressions sur le spectacle, et une deuxième performance « privée » chez Félix Guattari.

Il n’y a plus tant à penser l’être, qu’à vivre et penser l’entre © entre-là / 

Pet Shop Boys

L’événement parisien de ce mois de juin
PET SHOP BOYS

Rarement l’image grand public d’un groupe n’aura été aussi trompeuse. Alors qu’ils ne sont pas loin de New Order dans le panthéon des formations de pop électroniques apparues à l’orée des années 1980, les Pet Shop Boys restent pour beaucoup un duo lisse qui a enchaîné les tubes sans consistance, et sans conséquences. Il faut dire que Neil Tennant et Chris Lowe auront bien contribué à brouiller les pistes avec leur perpétuel grand écart. Voilà un groupe capable de produire une musique à la fois festive et mélancolique, dansante et intimiste, superficielle et bouleversante. Le même qui est l’auteur du fragile « Being Boring » (1990) et du lourdaud « New York City Boy » (1999). Cette dualité, inhérente aux Pet Shop Boys, se niche d’ailleurs souvent à l’intérieur de leurs chansons. Derrière une mélodie à l’apparence naïve se cachent des paroles subtiles et décapantes, bien en prise avec la réalité. « Nous sommes les Smiths de la musique de danse » déclarait même Neil Tennant en 1987. La comparaison avec les Mancuniens, qui appelaient à « pendre le DJ », pourrait prêter à sourire. A y regarder de plus près, elle n’a toutefois rien de sacrilège. Smiths et Pet Shop Boys ont en commun des textes à l’ironie mordante, un regard acéré sur les années Thatcher, une mélancolie insidieuse et un penchant pour le mélodrame intime. Comme Morrissey avec Sandie Shaw, Neil Tennant s’est même permis le luxe de relancer la carrière de son idole de jeunesse en la personne de la divine Dusty Springfield.

concert exceptionnel et très « enlevé » à Paris dans la salle mythique du Grand Rex.